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À l’approche de la finale d’ICART SESSIONS, nous avons échangé avec Louis, batteur et chanteur de Pléthore, notre sixième finaliste. Ce groupe aux influences multiples cultive un univers musical et visuel singulier, dont on a tenté de percer les secrets. Mais, pour vraiment tout saisir, il faudra attendre de les voir sur la scène du Bataclan le 9 mars prochain. 

Alors, raconte-moi comment tout a commencé. Pléthore, à la base, c’est plutôt ton projet.

Oui c’est vrai, j’ai commencé la batterie dans le groupe Transistor. J’ai ensuite fait partie de deux groupes en tant que batteur : Hijacked (avec Clément Bazin) et Guru Fiction, qui était un groupe de hip-hop jazz. Les deux groupes se sont arrêtés il y a deux ans, à peu près au même moment. J’ai ensuite  commencé à beaucoup écrire tout seul, à composer à fond. Je me suis acheté un premier synthé et j’ai commencé à chanter.

Un jour, j’ai invité mon ami Arnaud Kalmès, qui est réalisateur et ingénieur du son, à venir au studio. Je lui ai fait écouter une vingtaine de morceaux et il m’a dit qu’il fallait faire un disque !

Comment êtes-vous arrivés à travailler ensemble ?

L’idée de monter un live est arrivée assez vite. Le premier musicien que j’ai rencontré, c’était Vincent, à un débat au Point Ephémère pour lequel j’étais habillé en femme… J’animais et lui faisait partie des musiciens qui improvisaient sur scène. J’avais vraiment été bluffé par sa façon de jouer du piano. Il m’a ensuite conseillé de chercher un guitariste. Quelques mois auparavant, des amis m’avaient emmené écouter Antonin au Baiser Salé. Ça avait été une grosse claque.
On a eu un premier bassiste, Nicolas, conseillé par des amis. Il avait un don énorme mais a changé de voie depuis. Nous avions fait notre premier concert au Silencio à Paris tous les 4 puis une dizaine de dates en province et de nouveau, à Paris. C’est maintenant Samuel qui nous a rejoints. Il est contrebassiste de jazz à la base, mais il prend la basse électrique pour Pléthore et c’est vraiment fort.

Pourquoi est-ce que vous vous appelez Pléthore ? 

C’est avant tout un terme fédérateur. C’est aussi une notion que j’aime beaucoup. C’est un vieux mot de français, peu employé aujourd’hui , qui date du Moyen-Âge. Je le vois plus comme une forme de maîtrise qui permet de naviguer dans pas mal de styles et de ne pas avoir de limites dans les médiums et les choix artistiques liés au projet. Cela ouvre un champ des possibles assez large.

Tu me parles justement de multitudes de styles musicaux. Quelles sont vos influences ?

Le deuxième disque que m’ont offert mes parents, celui que j’écoutais pour me réveiller le matin, c’était ​Dummy de Portishead. Ça a tout de suite mis une ambiance bleue et profonde. Le premier album de Public Enemy aussi. Le morceau « Heroes » de David Bowie est d’une grande importance pour nous. Et puis, tout l’univers de David Lynch est une source d’inspiration pour nous et pour l’image que l’on dégage sur scène, pour le choix des couleurs, des sons, des arrangements. C’est une influence forte. Beaucoup de jazz, toujours. Surtout en live. C’est beaucoup plus présent dans le background d’Antonin et Samuel. Vincent a fait dix ans de classique mais il fait beaucoup de jazz funk en ce moment. Il m’a fait découvrir George Duke aussi, artiste que je ne connaissais pas assez bien ! Et évidemment, LCD Sound System et Soulwax.

Vous avez sorti en septembre dernier votre premier E.P. intitulé L. Est-ce que l’on peut aborder le processus de création dans le détail ? 

C’est surtout avec Arnaud Kalmès, ingénieur du son et réalisateur, que nous avons construit cet E.P. Arnaud est pour Pléthore ce qu’était un Tony Visconti pour Bowie ou un Butch Vig pour Nirvana. Ces personnes qui ont une vision d’ensemble. Il compose aussi avec moi, on réarrange tout ensemble. C’est un homme de l’ombre qui est très important et talentueux. Là, on bosse ensemble sur l’album et c’est le feu !

Votre identité musicale et visuelle est particulièrement marquée par la relation entre l’espace et le son. Que signifie pour vous le fait de faire de l’architectural soul ? Et que représente ce bonhomme énigmatique ? 

Ici, la notion de soul ne renvoie pas au sens propre de la soul music d’Aretha Franklin, par exemple. Il y en a un peu mais c’est surtout dans le sens où on y met toute notre âme. Il y a aussi cette notion d’espace, où l’on doit se sentir pris dans un voyage. Lui, on ne sait pas si c’est un robot ou un humain. Dans Pléthore, il y a une volonté d’anonymat et de mystère, qui est vraiment entretenue par ce personnage, qui se déplace dans différents espaces. Il représente vraiment une forme de mélancolie contemporaine. Il peut avoir l’air perdu ou plus assuré mais il y a toujours une volonté de parcours. La dynamique tient une place importante dans la composition et la construction du live et des disques que nous produisons.

Vous cultivez ainsi l’anonymat… Vous avez d’ailleurs la volonté de ne pas montrer vos visages en dehors de la scène. Pourquoi ? 

Dans l’aspect graphique et dans la communication d’un projet, en tout cas pour cette musique et ce concept, il n’y a pas forcément besoin de mettre nos visages en avant. Entretenir le mystère, je trouve ça beaucoup plus puissant. Si on veut voir nos visages, on vient nous voir sur scène. Et, ça, ça invite à venir faire le voyage avec nous finalement.

On vous retrouvera sur la scène du Bataclan le 9 mars prochain. À quoi doit-on s’attendre pour ce live ? 

C’est une surprise… Au Bataclan, nous allons montrer le panel de dynamisme et d’intensité que l’on propose d’habitude. Nos concerts sont une vraie montée en puissance : on part d’un BPM assez calme, puis cela monte en intensité. On arrive assez vite à des grooves appuyés à la LCD Soundsystem, des choses beaucoup plus dansantes. C’est une invitation à la transe, à se laisser aller.

Qu’est-ce que représente pour vous le fait de participer à la finale d’ICART SESSIONS 2020 ? 

Quand on a appris qu’on avait été sélectionnés pour le Bataclan, on était hyper contents, très émus. Il faut aussi faire honneur à ce lieu, c’est très important. On verra comment se manifeste notre émotion ! C’est surtout qu’il y a un jury de professionnels : des distributeurs, des maisons de disque… Pleins de gens que l’on vise depuis un certain temps, à qui nous allons pouvoir présenter ce qu’on propose en live.

Retrouvez Pléthore en concert au Bataclan le 9 mars, dans le cadre du tremplin ICART SESSIONS 2020, en partenariat avec l’émission “Ocora : Couleurs du Monde” (France Musique).

Propos recueillis par Laura Gervois.

Catégories : Interview

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